Déracinée de sa maison familiale à Nagraogo par les attaques de groupes armés non identifiés en 2019 qui ont tué son mari, Noomwende*, 31 ans, s’est réfugiée à Barsalogo avec ses sept enfants. Privée de son mari, elle est désormais le chef du foyer.
Noomwende* fait partie des milliers de personnes déplacées à l’intérieur du pays qui ont fui leur village. Le lendemain de l’attaque, Noomwende* et ses enfants sont partis pour Barsalogho avant le lever du soleil. 17 kilomètres de fatigue, de faim et de soif avant d’arriver à Barsalogo. « Nous sommes en vie. C’est essentiel. Tous mes enfants sont sains et saufs. Ils me donnent du réconfort pour surmonter l’épreuve de la perte de mon mari », a-t-elle déclaré.

Pour aider le gouvernement à répondre efficacement aux besoins des personnes déplacées, l’UNICEF, en partenariat avec Acted, une organisation non gouvernementale, a fourni une aide financière directe aux personnes déplacées les plus vulnérables vivant à Barsalogo. Par le biais de l’argent mobile (argent électronique), cette aide humanitaire permet à Noomwende* et aux autres bénéficiaires de répondre à leurs besoins essentiels dans la dignité et de renforcer leur résilience.
A cet effet, l’UNICEF a établi un contrat de service avec Orange money, une société de téléphonie mobile opérant au Burkina Faso. Sur la plateforme mise à sa disposition, l’UNICEF transfère directement les montants à payer aux bénéficiaires.
Selon Jean Wilner Bassette, spécialiste des transferts monétaires humanitaires à l’UNICEF, « le montant du bénéficiaire est fixé en fonction de la taille du ménage à 7 personnes même si aujourd’hui les données montrent que les tailles des ménages vont jusqu’à 10 ou 12 personnes. Ces estimations doivent être revues », explique-t-il.
Noomwende* vient de recevoir via son portable la notification de la deuxième allocation qui passe de 3 500 à 70 000 francs CFA. « Une manne tombée du ciel ! », s’exclame-t-elle. « Déjà avec la première allocation de 35 000 francs, c’était un vrai soulagement. Avec cette deuxième allocation de 70 000 francs qui vient de nous être accordée, je suis sans voix. Je remercie l’UNICEF et les bienfaiteurs à l’origine de ce soutien », a-t-elle déclaré.

La souffrance de cette jeune mère et de ses sept enfants était surtout la faim à leur arrivée sur le site. Ils étaient privés de tout. Des personnes de bonne volonté qui avaient accès à la nourriture de la CONASUR sont venues les aider en leur offrant quelques bols de nourriture. Mais aujourd’hui, les choses ont changé. « Aujourd’hui est un jour spécial pour nous. La marmite va bouillir, mais cette fois avec un peu de viande. Mes enfants et moi allons avoir un bon repas », se réjouit-elle.

Parmi les bénéficiaires figure Pagnagde*, qui en est à son quatrième mois de résidence dans le site de déplacés de Barsalogho. Veuve avant les violences perpétrées à Madou, un village appartenant à la commune de Dablo situé à 57 km de Barsalogo, Pagnagde* a fui son village et a trouvé refuge à Barsalogho avec ses enfants.
Avant que Pagnagde* ne reçoive des transferts d’argent, elle allait dans la brousse chercher l’écorce des arbres épineux qu’elle brûlait. Avec les cendres qu’elle recueillait, elle les mélangeait à de l’eau qu’elle filtrait pour obtenir de la potasse. Elle vendait ensuite cette potasse au marché pour avoir quelques sous pour nourrir ses enfants. Avec la nouvelle allocation, qui est encore plus conséquente, elle pourra non seulement acheter de la nourriture pour ses enfants mais aussi investir dans la fabrication de la potasse, qui se vend bien sur le site. « Je vais acheter une ou deux jarres en terre cuite pour faire des filtres et augmenter la production de potasse. C’est une activité que j’ai exercée à Madou. J’aimerais la poursuivre ici car les habitants aiment ma potasse », a-t-elle déclaré.
Wili Saidou est le chef du département de l’action sociale de la commune de Barsalogo. Pour lui, le transfert d’argent par le biais du mobile est le meilleur procédé puisque le bénéficiaire reçoit directement son argent et paie sa nourriture et ce dont il a besoin pour faire vivre son foyer. Les sommes sont déboursées librement et sans restriction, ce qui signifie que les personnes déplacées peuvent gérer elles-mêmes leurs dépenses.

Cependant, de nombreux déplacés internes en situation vulnérable à Barsalogho ne reçoivent pas encore d’argent ni de nourriture. Selon lui, couvrir les besoins existentiels de ces derniers reste le principal défi. « L’argent liquide est arrivé à un moment où nous ne savions pas quoi faire face à la situation critique des personnes déplacées nouvellement arrivées qui avaient du mal à se nourrir. Aujourd’hui, grâce au programme de transfert d’argent, la situation s’est nettement améliorée mais il reste encore beaucoup à faire. Nous continuons malheureusement à recevoir des déplacés internes alors que nos réserves alimentaires sont désespérément vides », explique Saidou.
Démarré en janvier 2021 grâce à l’UNICEF avec le soutien financier du gouvernement suédois, le programme de transfert d’argent a permis d’aider 1500 personnes dans le besoin dans la région Centre-Nord. Il convient de noter que l’UNICEF continue de fournir à la fois des allocations en espèces et une assistance sous forme de kits d’articles ménagers essentiels aux personnes déplacées.